Olivier Saillard

Diplômé en histoire de l’art, Olivier Saillard est nommé directeur du musée de la Mode de Marseille ; en 2000, il devient responsable de la programmation du musée des Arts décoratifs de Paris et, en 2010, directeur du palais Galliera. Il est depuis 2017 directeur de la fondation Alaïa et directeur artistique de la maison J.M. Weston.

On lui doit plusieurs ouvrages, dont une Histoire idéale de la mode contemporaine, et de grandes expositions sur Yohji Yamamoto, Christian Lacroix, Jeanne Lanvin, Madame Grès, Balenciaga... En parallèle de son travail d’historien, il mène une réflexion poétique présentée sous forme de performances, avec comme partenaires Charlotte Rampling et Tilda Swinton.

En 2018, il créé sa première collection de haute couture « Moda Povera » qui magnifie des vêtements ordinaires par le savoir-faire.
C’est avec sa sensibilité et ses souvenirs d’enfance qu’il crée Chapelle des Bois pour MOMUS.

Pourquoi Chapelle des Bois ?

Tard dans la nuit, tôt le matin, les dimanches commençaient par la livraison du journal quotidien.
Ma mère, qui avait épousé le métier de chauffeur de taxi avec le goût de l’émancipation, s’acquittait de cette mission dominicale hebdomadaire. Dans tous les villages, perdus dans la neige et le froid, je l’assistais, contraint parfois car j’enchainais souvent une nuit en boite avec la tournée...Mais toujours, il me revenait en récompense la lente levée du soleil sur la neige blanche et muette. Malgré les routes difficiles à pratiquer et les ornières, malgré le froid - il faisait régulièrement moins trente - j’ai gardé un souvenir tendre et chaleureux où ma mère et moi, dans le silence, roulions à pas mesurés. De hameaux en villages, là où nous attendaient les dépositaires du journal régional, dans les fermes attenantes, nous partagions un grand bol de café noir, réconfortant et chaud. Debout, autour d’un coin de table et d’une toile cirée usée, chacun goûtait en se brûlant les lèvres au café bouillant et bon. Des cafetières posées sur les fontes des cuisinières à bois, s’échappaient les arômes mélangés à l’odeur des braises. A Chapelle des Bois, petit village reculé du Haut Doubs, dans ce que l’on appelle la petite Sibérie, nous nous permettions de savourer un peu plus longtemps le café offert. Chapelle des Bois sonnait la fin de la tournée. La neige hypnotique et blanche, le ciel qui virait peu à peu au bleu intense, le café encre et noir clamaient de concert l’éveil du monde.

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